3- Bâtiments


Histoire des bâtiments du quartier

La barrière des Paillassons
Située au carrefour actuel de l’avenue de Ségur et du boulevard Garibaldi, la barrière - un portail flanqué d’un bâtiment - la barrière des Paillassons permettait d’entrer dans la capitale en franchissant le mur des Fermiers Généraux (bâti à l’emplacement de l’actuel métro aérien) après s’être acquitté du paiement de l’octroi.



On présume qu'elle a été ainsi nommée en raison d'une manufacture d'ouvrages en paille établie à proximité, elle aussi à l’origine du nom de la rue toute proche des Paillassons (la partie ouest de la rue Pérignon). Autre explication plus coquine mais moins plausible : en argot ancien, « paillasses » désignait les prostituées de dernier ordre et « paillassons » les hommes qui les fréquentaient. Or le village de Grenelle de l’autre côté du mur était connu comme un quartier chaud, l’Ecole militaire avec ses jeunes soldats aux sens à combler n’était pas loin, et le chemin qui longeait le mur d’octroi, côté Paris, portait le nom de Chemin de ronde des Paillassons (puis, de Sèvres au sud-est de la barrière).

La barrière des Paillassons, gravure de Palaiseau
Construite en 1784, la barrière fut mise en service en 1785, et hors service dès 1840 en raison de sa faible fréquentation due aux  450 mètres seulement qui la séparait de la barrière voisine de Sèvres au sud, et des 300 mètres de celle de l’Ecole militaire au nord (à l’avenue Lowendal). C’était une « barrière paresseuse » écrit un contemporain, n’eût été la visite des éclopés de l’Hôpital des Invalides qui venaient s’y promener. Son bâtiment à deux façades avec deux arcades et colonnes supportant trois arcs sans ornements avait été conçu par le célèbre architecte de la Révolution, Claude-Nicolas Ledoux, créateur des admirables bâtiments des Salines d’Arc-en-Senans.
Autre nom utilisé pour la barrière : barrière Plumet (ex-nom de l’actuelle rue Oudinot dont le prolongement, la rue Eblé, ex-rue Neuve Plumet, mena un temps jusqu’à la barrière, parallèlement à la rue Pérignon, ex-rue des Paillassons).
La barrière des Paillassons fut détruite en même temps que le mur des Fermiers généraux en 1860, la perception de l’octroi fut alors repoussée à l’enceinte fortifiée de Thiers (édifiée de 1843 à 1846 et détruite de 1919 à 1929, d’où les actuels boulevards des Maréchaux), et l’octroi ne fut définitivement supprimé qu’en 1943 !



Le Carmel de Saxe

Le quadrilatère délimité par les avenues de Saxe, Ségur, Suffren et l’actuelle rue Pérignon - soit 27.000 m2 - fut la propriété des sœurs du Carmel de Saxe de 1854  à 1901 : les religieuses y avaient construit de nombreux bâtiments, avec église, cloître, écuries, et y entretenaient potager et jardin d’agrément, avec entrée au N° 26 de l’avenue de Saxe.
Après leur exil suite à la loi Waldeck Rochet du 1er juillet 1901 sur les Congrégations religieuses, leurs constructions furent récupérées par le Bon Conseil, patronage de la paroisse saint François-Xavier, créé en 1894, installé boulevard Garibaldi puis rue Bertrand dans des locaux trop exigus ; la majeure partie du parc, réunie aux terrains mitoyens, fut alors lotie pour créer trois nouvelles rues (Lapparent, Vaudoyer, Heredia).
Sur la partie qu’il avait récupéré se développa le Bon Conseil qui, en 1966, inaugura les installations et immeubles actuels, finançant leur construction par la vente des terrains des immeubles du 61-63 avenue de Ségur et du 26 avenue de Saxe (voir aussi onglets spécifiques plus détaillés ''Carmel de Saxe'' et ''Bon Conseil'').


L’abattoir de Grenelle


L'abattoir de Grenelle
(détail Plan - simplifié- Nouveau Paris Monumental , circa 1893)
Au sud de la rue Pérignon, l’abattoir de Grenelle
s’étendait jusqu’à la rue Barthélémy, et d’est à l’ouest, de la rue Bellart (plus longue à l’époque d’une trentaine de mètres récupérés par l’avenue de Suffren lors de son prolongement au sud) aux avenues de Saxe et Breteuil.


L'abattoir au bord de la place de Breteuil




Il fait partie des cinq premiers abattoirs dont la construction fut décidée sous Napoléon ; auparavant les bêtes menées sur pied dans les boucheries elles-mêmes étaient abattues sur place, chez les bouchers où ils étaient conduits sur pied,  dans d’horribles conditions.


Plan de l'abattoir
Construits de 1811 à 1818 par l’architecte Gisors (1762-1835), les 14 bouveries et les 48 échaudoirs de Grenelle pouvaient accueillir plus de 400 bovins, 500 chevaux et 2.500 ovins. Son entrée se faisait par la place de Breteuil. Tout autour s’étaient créés, des commerce, des cafés, et des petites habitations ouvrières.
« L’abattoir de Grenelle compte six pavillons, soit 78 échaudoirs (lieu où l’animal est abattu).[…] Chaque échaudoir a deux portes. L’une pour faire entrer le bœuf, l’autre pour faire sortir  l’animal dépecé.  L’enceinte générale est entourée de murs et de grilles très élevées qui ne se laisseraient pas franchir par un bœuf en furie. […]


Pour mettre l’animal à mort, on lui lie les cornes avec une corde passée dans un anneau scellé sur les dalles et tandis qu’un homme vigoureux tend cette corde, un autre le frappe sur le front à l’ide d’une puissante massue de fer, l’animal étourdi tombe, on l’égorge et on le saigne. […] Aussitôt que le bœuf est mort on lui glisse sous le cuir le canal d’un gros soufflet à l’aide duquel on lui insuffle dans les entrailles une grande quantité d’air pour gonfler les chairs et leur donner plus d’apparence. En même temps on lui enlève la peau, puis on sépare les différentes parties de l’animal suspendu au plafond par une corde tirée par un treuil […]  Une cuve pratiquée dans le sol recueille le sang tombé sur le sol prévu en pente pour l’écoulement. […] De vastes bergeries servent à recevoir les animaux jusqu’à l’époque de leur exécution.[…] Pour la salubrité de l’abattoir, de fréquents lavages sont nécessaires et il est besoin d’une grande abondance d’eau. […] L’abattoir est un moyen facile de recueillir, à partir des os, des cornes, des sabots et du sang, différentes substances animales employables pour fabriquer de la colle forte, de la gélatine, du Bleu de Prusse,  de l’huile de pied de bœuf… » (Extrait du dictionnaire technologique des arts et métiers -1839- Lacrosse Editeurs, Bruxelles)

En 1821, il fut envisagé que la guillotine fut installée à la sortie de l’abattoir, sur la place de Breteuil - après avoir envisagé la place Vauban ! - dont l’éloignement de toute habitation et la taille particulièrement grande permettait d’accueillir un large public lors des exécutions capitales. Mais la proximité de l’abattoir jeta quand même un froid… (lire à ce sujet : http://histoiresdebourreaux.blogspot.com/2010/04/la-guillotine-quitte-la-place-de-greve.html).

La tour de forage dans l'abattoir



L’abattoir fut désaffecté en 1887 après la mise en service de l’abattoir de Vaugirard, plus moderne et performant. C’est dans sa cour d’entrée qu’avait été foré en 1841 le puits artésien, dit de Grenelle, dont l’emplacement exact est matérialisé par la fontaine Georges Mulot.




Cendrillon par Joseph Bail



Inoccupé jusqu’à sa destruction fin 1900, l’abattoir fut utilisé pour le salon des Artistes Français début 1900 : une Cendrillon de Joseph Bail (1862-1921), détenue aujourd’hui au Musée du Petit Palais y fut notamment exposée.






En 1900, simultanément, une partie de la surface dégagée par la mise à bas des abattoirs fut adjointe à la place de Breteuil débarassée de sa tour de fonte afin d'organiser un hippodrome éphèmère destiné à accueillir  des épreuves d'équitation organisées dans le cadre des Concours Internationaux d'exercices physiques et de sports prévus par l'Exposition Universelle de Paris. Pierre de Coubertin  (1863-1937) qui avait déja organisé les premiers Jeux olympiques modernes se battait avec le comité d'organisation de l'exposition pour que ces épreuves constituent « la deuxième olympiade », et jugeait le programme distillé sur cinq mois « mesquin et indigne de la nation ». L'idée de Jeux olympiques était, à l'époque, étrangère au public comme au monde sportif. Mais l'acharnement de Pierre de Coubertin pour l'imposer déboucha finalement au printemps 1899 sur la reconnaissance des Concours internationaux comme Jeux olympiques. Mais ni les affiches, ni le programme, ni les médailles de l'exposition présentèrent les Concours internationaux comme tels. L'adoubement olympique leur importait si peu que de nombreux athlètes moururent sans même savoir qu'ils avaient participé à des Jeux olympiques ! « S'il y avait un endroit au monde où l'on se montrait indifférent aux Jeux olympiques, c'était avant tout Paris. » écrivit plus tard Pierre de Coubertin (Mémoires Olympiques, Comité international olympique, Lausanne 1931). Pourtant, les épreuves eurent un succès considérables pour la plus grande fierté de Coubertin, sauf les épreuves d'équitation qui ne connurent pas un grand succès populaire.

C'est la Société Hippique Française qui prit en charge la construction du transitoire hippodrome de Breteuil. L'entrée se composait d'une vaste marquise décorée de tentures et de mâts portant les drapeaux des nations participantes. Au delà s'étendait un long hall de 50 mètres, donnant accès aux jardins de sculptures (du Salon des Artistes) et à la piste hippique, ceinturées des tribunes (800 places) et des écuries (200 stalles).
Les épreuves se déroulèrent tous les deux jours :
-  mardi 29 mai, avec les concours d'obstacles
- jeudi 31 mai, avec les épreuves de saut et de selle
- samedi 2 juin, avec les concours d'attelage à 4 chevaux, et celles de saut en hauteur.
Huit pays étaient représentés : France (103 engagés), Belgique (29), Italie (15), Russie (6), États-Unis (5). L'Espagne, l'Allemagne et l'Autriche n'ayant qu'un seul engagé. La Belgique y fut le plus brillant. La Seconde Guerre des Boers priva le concours des cavaliers britanniques. 60.000 francs étaient attribués en prix, ce qui n'était pas très olympique d'esprit !

Après ces jeux, sur l'emplacement des abattoirs, furent ouvertes les rues Bouchut, Rosa-Bonheur, Valentin Haüy, César Frank, et fut édifié de 1903 à 1906  le quartier néo-haussmannien, dit Le Nouveau Breteuil, dont la réalisation fut saluée par les journaux spécialisés de l’époque comme marquant le début des quartiers résidentiels de luxe dans la périphérie occidentale de Paris.


La  fontaine Georges Mulot

 

Louis-Georges Mulot


François Arago

 Au croisement des rues Valentin-Haüy et Bouchut, construite en 1904,  l’édifice marque l’emplacement du puits artésien de Grenelle, dont le forage fut entrepris en 1833 par l’entrepreneur architecte Louis-Georges Mulot (1792-1872), sous l'impulsion de François Arago (1786-1853). Le célèbre savant alors maire de Paris, était désireux après la crise de choléra de 1832 d’approvisionner la ville en eau souterraine à priori moins contaminée que les eaux de surface.



La machine à faire touner le trépan pour le creusement du puits
 



 Au bout de sept années d'efforts, le 26 février 1841, à 14h 30, l'eau jaillit impétueusement au-dessus de la tour de bois qui abritait la foreuse, installée dans la cour de l’abattoir de Grenelle, inondant les hommes et le chantier. Le lendemain, près de 100.000 personnes accoururent voir ce geyser d’eau à 23°C s’élevant à 33m.
La conduite large de 0,17 m extrayait l’eau d’une nappe phréatique prisonnière à 548 m de profondeur.

La tour de Breteuil
à noter : l'escalier intérieur en colimaçon

 

La pression du liquide était régulée par une tour en fonte à trois étages (architecte Delaporte), haute de 43 m, large de 4 m à la base et de 3 au sommet, dressée au centre de la place de Breteuil, équipée de quatre canalisations verticales, deux pour l’élévation de l’eau à une hauteur voisine à celle de la place du Panthéon, un tube de décharge et une canalisation acheminant le liquide au réservoir (toujours là) situé rue de l’Estrapade sur la colline Sainte-Geneviève : construit en 1860 sous l’impulsion du directeur du Service des eaux et des égouts de Paris, Eugène Belgrand (1810-1878), celui-ci était situé à 66 m d’altitude pour distribuer l’eau par gravimétrie.  

La tour dans l'axe de l'avenue de Saxe (au fond l'Ecole militaire), 
 avec à gauche un des batiments de l'abattoir



















Mais, la pression du puits de Grenelle diminuant, la forte teneur en fer de l’eau posant problème, l’exploitation fut arrêtée et la tour, détruite en 1903, céda la place à la monumentale statue de Pasteur commençée par le sculpteur  Alexandre Falguière - mort en avril 1900 - et terminée par ses collaborateurs Victor Peter et Louis Dubois. Commandé par souscription inernationale en 1896 en hommage au savant,  le groupe monumental en marbre représentant Pasteur assis, avec autour de lui en contrebas la Mort, des personnages, des bœufs, des moutons, (mais aucun chien pouvant évoquer le vaccin contre la rage !)fut inauguré le 16 juillet 1904.

La fontaine Georges Mulot se présente sous la forme d'un massif monumental de pierres de taille de section carrée encadré de colonnes. Sur chacune de ses faces en creux sont apposés des médaillons de pierre représentant des personnalités, dont le nom est porté par trois des rues de cette partie du 15e arrondissement : Valentin Haüy (par Hippolyte Lefebvre), Rosa Bonheur (par Georges Loiseau Bailly), Eugène Bouchut (par Firmin Michelet, et Louis-Georges Mulot lui-même (par Paul Waast) qui donne aussi  son nom au carrefour où est érigée la fontaine.

Mulot

Bouchut

Bonheur


 
  


Haüy
Un mascaron de bronze délivre l'eau - de la Ville de Paris et non pas de la nape phréatique - sur la face sud du monument, il semble que le débit soit désactivé depuis un certain temps.

D’impressionnants et  longs travaux sur le puits ont eut lieu en 2009  : le monument fut emmailloté de plastique, coffré de bois, décalotté au sommet, surmonté d'une plate-forme, et on y s'y activa plusieurs semaines à son sommet à partir d'une grue. A remplacer la conduite ? Toute personne sachant précisémment l'utilité de ces travaux  est invitée à prendre contact avec le blog !


L’UNESCO
  
Le siège de l'UNESCO a été construit sur un vaste terrain qu’occupaient auparavant une caserne de Cavalerie et un dépôt d’artillerie. « Quand les bâtiments furent mis à terre, des milliers de rats s’enfuirent dans les rues avoisinantes et gagnèrent les égouts », se rappellent des habitants du quartier.  
 

Derrière l'Ecole Militaire,
 à droite les casernes de cavalerie et artillerie déruites pour l'Unesco
à gauche manèges et écuries détruites pour les ministères de la Santé, puis Marine Marchande et PTT
 L’Unesco fut inauguré le 3 novembre 1958 devant une délégation de 80 états-membres. C'est, peut-on dire, l'édifice le plus international de Paris : ses plans de construction furent préparés en commun par trois architectes de nationalités différentes,  l'américain Marcel Breuer (1902-1981), l'italien Pier Luigi Nervi (1891-1979) et le français Bernard Zehrfuss ((1911-1999), puis approuvés par un comité international de cinq membres. L'architecte américain Eero Saarinen (1910-1961) a été également consulté.  C’est l'ingénieur américain Eugène E. Callison  qui a dirigé sur place les travaux.

L'UNESCO en1958
derrière, remarquer l'absence du 61/63 avenue de Ségur et le ''trou noir'' de la rue de Heredia
• Le bâtiment principal de sept étages en forme d’étoile à trois branches, situé place de Fontenoy  sur un terrain de trois hectares, repose sur 72 pilotis de béton qui ont permis de dégager de l'espace de circulation pour l'immense hall du rez-de-chaussée. Il est organisé de manière à garantir le même apport de lumière dans tout l’immeuble et la solution du croisement central génère des espaces originaux avec un jeu de volumes extraordinaire. Les architectes ont élevé le béton au rang de matériau noble grâce à leur maîtrise du béton brut de décoffrage (technique à la mode régalement utilisée en 1963 pour la construction du nouveau Bon Conseil).
Dans le hall du rez-de-chaussée, les énormes piliers de béton blanc sablé ont été dessinés par  Nervi, de même que le porche (sortie Piazza, servant comme l'entrée principale pendant les grandes conférences). Pour les deux autres façades également incurvées, les auteurs ont pu laisser libre court à leur inspiration moderne : les lignes verticales et horizontales, des brise-soleil et des filtres solaires se combinent. Très dégradées, les façades qui abritent le secrétariat de l'Organisation ont toutes été rénovées de 2006 à 2010.
La forme en étoile à trois branches de la structure principale détermine trois espaces distincts qui communiquent physiquement et visuellement par le grand hall où sont installés le Service des visites, les salles d'exposition, le comptoir de souvenirs, de numismatique et de philatélie ainsi que la librairie. La décoration du bâtiment, en harmonie avec l'architecture, est le fruit d'une coopération artistique internationale, Carlos Parra-Perez, Président, (Vénézuela), Georges Salles (France, 1889-1966), Shahid Subrawardy (Pakistan, 1892-1963) et Sir Herbert Read (Royaume-Uni, 1893-1968) et représente un trésor artistique et culturel d'une grande valeur. A l'époque, sur les 9 millions de dollars pour la construction, 191.000 furent consacrés à la "décoration artistique". Les grandes œuvres sont accessibles au public.

• Le bâtiment "en accordéon" aux murs de béton cannelés et au toit recouvert de cuivre, contient la plus grande salle de l'UNESCO (la salle de la Conférence générale dessinée par  Nervi) et d'autres salles de réunion. Il est situé sur la piazza.

• Le petit édifice cubique de quatre étages destiné à l'origine aux Délégations permanentes et aux organisations non gouvernementales, est situé derrière le bâtiment principal, en bordure du jardin japonais.

• Suite au développement de l'UNESCO, de nouveaux bureaux ont été construits en 1965 par Bernard Zehrfuss; Le bâtiment de deux étages souterrains est aéré et éclairé naturellement par six patios enterrés. Son toit est entièrement couvert de pelouse.

• Le jardin a été réalisé par le japonais Isamo Nogushi (1904-1988). Le projet initial demandait uniquement le traitement d’un site de sculptures pour la Terrasse des Délégués. Mais, Nogushi a élargi le sens du thème de son projet en concevant aussi un jardin aux surfaces modelées, avec des espaces verts, des aménagements des pierres, une douce chute d’eau et un petit lac. Le jardin conçu mélange astucieusement les reliefs de la sculpture moderne et les arrangements de pierres qui indiquent directement l’héritage du design paysager japonais. L’artiste a imaginé l’espace en fonction des couleurs et textures qui animent les arbres et les plantes au long des saisons et chaque cycle apporte un nouveau point de vue sur sa création. Le jardin et la terrasse représentent des espaces de rencontre et de conversation aussi bien qu’un lieu de méditation.
Le jardin Nagushi

Ce qui est perturbant dans l’ensemble architectural de l’Unesco de la place de Fontenoy, qui vu de haut ne manque pas d’allure,  n’est pas tant la rupture qu’il crée avec son environnement néo-haussmannien que l’absence de cohérence entre les bâtiments qui le composent. Ceux-ci n’ont pas vraiment de liaison esthétique entre eux, ils sont distribués comme des éléments séparés, distincts, quoique entassés. On peut imaginer que cela correspond à l’image d’universalité et d’éclectisme que l’on retrouve aussi dans le parcours des œuvres d’arts.


Le Ministère des PTT  - avenue de Ségur



Timbre commémoratif 1939


Inauguré en mars 1939, le batiment bâti à l'angle des avenues de Saxe et Ségur est l'oeuvre de l'architecte  Jacques Debat-Ponsan (1882-1942).  Il abrite depuis l'origine dans sa façade donnant sur  l'avenue de Saxe un bureau de poste public.
En mauvais état, l'immeuble fera  l'objet à partir de 2014 d'une rénovation qui a provoqué dès 2012 le déménagement de nombre de services partis s'installer ailleurs. Durant les travaux, le bureau de poste  sera transféré rue Eblé

Le Ministère de la Santé et du Travail - avenue de Ségur

Il fut bâti dans l’urgence en 1929-930 sur un large emplacement occupé par des bâtiments et des manèges à ciel ouvert de l’école militaire (voir photo vue aérienne plus haut).
L'imposant bâtiment du ministère de la Santé et du Travail qui compose l'îlot Ségur-Fontenoy, derrière l'Ecole militaire est l’œuvre de Guillaume Tronchet (1867-1959), architecte en chef du ministère du Travail. Celui-ci a relevé le défi en faisant appel aux techniques de construction les plus modernes de l'époque pour conduire en huit mois un chantier « à l'américaine » : ossature en acier, béton cellulaire et brique armée. Pour la petite histoire, les éléments préfabriqués de structure furent livrés par les usines allemandes au titre des dommages de guerre. Les deux ailes construites rue d’Estrées et avenue de Lowendal se rejoignent en angle aigu sur la place Fontenoy, formant un V et, comme le montre la photo ci-dessous.

Vue aérienne circa 1960, avec au second plan à gauche,
 le ministère de la Santé en forme de V couché entre la rue d'Estrée et l'avenue Lowendal
(non fermé sur l'avenue Duquesne comme il l'est de nos jours) 
au centre gauche, 
le ministère de la Marine marchande place Fontenoy et rue d'Estrées, avec derrière lui, le Ministère des PTT    

La prouesse technique est dissimulée sous la pierre de taille qui habille les façades monumentales sur la rue d'Estrées et l'avenue Lowendal, réservant la surprise d'une cour intérieure entièrement doublée de brique. Contenu dans le compas ouvert dont la tête touche la place Fontenoy, le grand hall des guichets destiné à accueillir le public relie les deux branches. Guillaume Tronchet en soigna le décor, mobilisant des artistes initialement réunis pour l'Exposition des arts décoratifs de 1925 : les frères Martel pour les œuvres sculptées, le maître verrier Jacques Gruber et le ferronnier Georges Vinant. L’ouverture au public eut lieu le 1er octobre 1930 pour les assurés sociaux des départements de la Seine et et Seine et Oise.  En 1938, les deux ailes sont reliées entre elles par un grand hall central. En 1939, un bunker anti-aérien y est aménagé en sous-sol.

  
Le  hall des guichets :vue d'ensemble

Le hall des guichets: la grande horloge


Gros plan sur l'horloge, les hauts reliefs sculptés, la baie vitrée
L'édifice voulu par Guillaume Loucheur, le ministre du travail de l'époque, fit l'objet de contestations en raison de sa hauteur qui, supérieure à l'Ecole Militaire, le rendait visible depuis le Champ de Mars.
Après la guerre de 39-40, les deux ailes initiales des rues d'Estrées et Lowendal sont prolongées jusqu'à l'avenue Duquesne dans les années 50, en reprenant l'esthétique d'origine en plus épuré : le V reste ouvert.
En 1971-72 les deux ailes sont reliées sur l'avenue Duquesne par un bâtiment de style plus contemporain avec façade vitrée, oeuvre de l'architecte louis Aublet : le V est désormais fermé.
En 2004, cette façade constituée de modules verrier d'un seul tenant est reconstruite avec recoursà l'inox par l'architecte Jean-François Jodry, pour respecter les nouvelles normes de sécurité.
Les 88.000 m2 de l’ensemble et ses 45.000 m2 de bureaux font depuis l’objet d’une énorme opération de transformation et rénovation. Les travaux doivent s'achever en 2013.
Le site se flatte - pour le bonheur du contribuable - "d'être l'un des ensembles tertiaires les plus importants de la capitale intra-muros avec près de 83.000 m2 de planchers, 1 km de façades, 9 km de couloirs, 2700 fenêtres, abritant bientôt 2.300 collaborateurs'' !

Le Ministère de la Marine marchande - place Fontenoy

 
Le ministère de la Marine marchande vers 1960
 

Bâti sur un terrain acheté par l’Enim (Etablissement National des Invalides de la Marine, organisme gérant la sécurité sociale des marins) au ministère de la défense,  l’immeuble a été conçu  par l'architecte des monuments historiques André Ventre (1874-1951), et achevé en 1931. La même année, ce dernier reconstruit la gare de Versailles-Chantiers (avec Émile Aillaud et Roger-Henri Expert).




L'ornementation de la porte a été réalisée par Raymond Subes (1891-1970), un ferronnier d'art réputé du XXe siècle, aux œuvres nombreuses. Il n'hésita pas à employer simultanément du fer forgé, le bronze, le cuivre auxquels s'ajoutent dans les années 1930 l'aluminium, l'acier et l'acier laqué. On lui doit entre autre les escaliers et les balustrades de plusieurs paquebots.

Le personnel de la Direction des Affaires Maritimes qui occupe le bâtiment devait déménager vers l’Arche de la Défense courant 2011, celui de l’Enim à qui appartient l’immeuble étant délocalisé à La Rochelle. Difficile de savoir en septembre 2011 la destinée de l’immeuble.

Le couvent des Clarisses

Au 6 Villa de Saxe, une impasse débouchant dans l'avenue de Saxe dans l'axe  de la rue de Lapparent, a existé de 1876 à 2009 un communauté conventuelle de l'ordre des Clarisses. Réunissant à l'origine une cinquantaine de jeunes religieuses, elle comptait seulement une dizaine femmes âgées lorsqu'elles prirent la décision de vendre leur bien - devenu fort vétuste - pour aller s'établir à Senlis. Combien de familles du quartier y portèrent  des oeufs -accompagnés d'un chèque- pour solliciter leurs prières seules capables, selon la tradition, d'obtenir un ciel bleu pour le mariage de leur enfant !


la chapelle moderne à l'étage
Une opération immobilière est en cours qui conservera le bâtiment de la chapelle en la remodelant intérieurement pour aménager 59 logements sociaux pour jeunes travailleurs.


Ci-dessous : le bâtiment proposé pour trôner avenue de Saxe sur une partie du jardin des Clarisses, qui n'est pas sans créer la polémique entre conservateurs partisans de maintenir l'unité architecturale du quartier et les progressistes souhaitant que leur quartier ne devienne pas un musée. Gageons que s'il est bâti, la polémique n'est pas près de s'éteindre !



Le cours Jeanne d'Arc de la Villa de Saxe

Au fond de l'impasse de la Villa de Saxe se tenait une petite école privée très fréquentée des enfants des familles du quartier dont le nom indiquait clairement la vocation : le Cours Jeanne d'Arc. Les salles de classes étaient installées dans une grande maison bourgeoise aux élégants volets à claire-voie. Les enfants pouvaient s'ébattre dans un agréable jardin ceint de murs. Combien de générations y ont envoyé leurs enfants ?






Occupé ensuite de façon bourgeoise,  la maison disparut avecson jardin au début des années 2000 pour permettre l'édification d'un immeuble cossu de trois étages,. Adieu la verdure, hélas ! 

L'hôtel des Téléphones de l'avenue de Saxe


Hôtel des Téléphones
Construit en 1900 par l'architecte Boussard, cet imposant bâtiment de trois étages en pierres de taille et briques jaunes dans lesquels les demoiselles du téléphone inteconnectaient les abonnés pour qu'ils puissent communiquer se situe dans le tronçon place de Breteuil-rue de Sèvres, au N° 55 de l'avenue. 
Des bas reliefs aux lettres RF (République Française) encadrent le bas des larges fenêtres du rez-de chaussée, des jeunes femmes ornent le centre des voussures des fenêtres du second étage, des têtes de lion soutiennent les linteaux des fenêtres au sommet cintré du premier étage.
 
Lion sous 1er étage



R et F autour d'un faisceau
 de licteur
Jeune femme au second étage
 La haute toiture en coque de bateau renversé initiale a été remplacé par trois étages supplémentaires avec toit en terrasse et fenêtres bêtement rectangulaires retirant à ce beau bâtiment beaucoup de son identité. Il est la propriété de France Télécom.
Le 55 avenue Saxe ex-Hôtel des Téléphones
La caisse autome de la Sécurité Sociale des mineurs- Avenue de Ségur

Ce bâtiment de trois étages a été construit en 1922 à l'angle des avenues de Suffren et Ségur par les architectes Davidson et René Patouillard de Moriane (1867-1957). Sa porte principale du 77 avenue de Ségur est en ferronnerie avec à son sommet une plaque de fonte montrant un mineur actionnant sa pioche, plaque elle-même surmontée d'une scupture d'un mineur coiffé du célèbre casque.

La façade de l'avenue de Suffren affiche largement le nom du bâtiment en lettres gravées dans la pierre.


En 1948, le bâtiment a été surélevé de trois étages par les architectes P.Mutzig et C.Leprévots, dont le dernier en retrait.