2- Nouveau Breteuil

 Les  rues du « Nouveau Breteuil »

 La démolition de l’abattoir de Vaugirard  (lire onglet Bâtiments) entraina une vaste opération immobilière de prestige, dénommée Le Nouveau Breteuil par la réclame de l'époque, avec l’ouverture de quatre rues en 1900,  la construction de beaux immeubles hausmanniens en 1903-1906 et l'édification de la fontaine de Grenelle à l'emplacement exact de l'ancien puits artésien (voir onglet Bâtiments).
Enclavé géographiquement et socialement dans le 7e arrondissement, le Nouveau Breteuil est resté illogiquement attaché sur le plan administratif au 15e arrondissement auquel il avait été affecté initialement en 1859 lors de la création des 20 arrondissements parisiens en raison de l’image peu flatteuse des abattoirs et de la fréquentation que ceux-ci entraînaient.

Rue Barthélémy
Ouverte en 1820,  largeur 15 m, longueur 100 m.

Rue Barthélémy, au fond le métro aérien

 Portant le nom de François Barthélémy (1747-1830), homme politique, membre du Conseil Général de la Seine en 1817 (à la même époque que Pérignon et Bellart), la rue bordait au sud l’abattoir de Grenelle, reliant le bout du boulevard Garibaldi à l'avenue de Breteuil.  Ouverte en 1813, elle est donc très antérieure aux quatre rues ''modernes'' ouvertes en 1900 sur la surface dégagée par l'abattoir.
A son débouché, se tenait un café avec une belle vue sur la tour du puits artésien de la place de Breteuil, d'où la présence au croisement d'un café à l'enseigne Au puits artésien, occupé actuellement par la bibliothèque de prêt de livres, Bibliothèque pour tous.

La carte postale est datée 1911.









Un cours pour jeunes filles, le cours Sévigné, était installé côté pair de la rue au coin du boulevard Garibaldi  (de l'autre côté du trottoir par rapport au bar Le cristal).







Rue Rosa Bonheur
15 m x 144 m

vue depuis le boulevard Garibaldi

Rosa Bonheur en pantalon
Autorisation de travestissement
de Rosa Bonheur
Rosa Bonheur (1822-1899), Rosalie Bonheur, peintre animalière immensément réputée. Elle était sentimentale, féministe, ne se maria jamais, comblant son besoin d'affection en habitant successivement avec deux  femmes, l'une qu'elle considéra comme sa soeur quarante ans durant, l'autre comme sa fille pendant dix ans, sans que cela ne fit scandale. Elle aimait  fumer le cigare, et porter le pantalon - elle obtint d’ailleurs un permis de travestissement pour -invoqua-t-elle pouvoir se rendre aux abattoirs de Grenelle), première femme décorée de la Légion d’honneur en 1865 par l’Impératrice Eugénie. Élève de son père, elle exposa pour la première fois au Salon en 1841, puis l'année suivante Le Labourage nivernais (Musée d'Orsay), commande de l'État. Avec le Marché aux chevaux (MET, New York), présenté au salon de 1853, elle connût une gloire internationale.


Rue Bouchut
15 m x 188 m


la rue Bouchut vue depuis la rue Barthélémy,
au fond la fontaine Mulot en construction
 
Sur son côté ouest, entre les rues César Franck et Pérignon, s’étendait jusqu’à quelques mètres de la rue Bellart un établissement scolaire du second degré pour jeunes filles - un seul étage, deux cours - qui, une fois démoli, céda la place aux deux immeubles actuels érigés en 1927.


l'école de la rue Bouchut
à gauche, au fond de la rue César Franck,
 deux petites maisons du 6 rue Bellart existant toujours







Eugène Bouchut (1818-1891), médecin à l’Hôtel-Dieu, puis à l'hôpital des Enfants malades, fut un clinicien et un enseignant émérite en pathologie interne et générale, ainsi qu’en maladies de l’enfance, et philosophie médicale




Rue César Franck
15 m large x 168 m
  
la rue César Franck depuis la rue Bouchut

mmmmmmmmmmmvue depuis l 'avenue de Saxe
la rue César Franck vue depuis l 'avenue de Saxe



 Elle longeait au nord le cours secondaire de jeunes filles qui  céda la place en 1928 aux deux immeubles construits cette année là, immeubles réunis par un petit jardin dont il avait été  imaginé un temps qu'il soit une voie carrossable reliant les rues Pérignon et César Franck au débouché de la rue Léon Vaudoyer, projet qui ne vit pas le jour.




César Auguste Franck (1822-1890) :  professeur, organiste et compositeur d'origine belge, naturalisé français, est l'une des grandes figures de la vie musicale française de la seconde partie du XIXe siècle.







Rue Valentin Haüy
Ouverte et dénommée ainsi le 7 décembre 1900 (nom arrêté dès le 26 décembre 1893),
18 m large, 106 m long,

au fond, la place de Breteuil
la pharmacie est toujours là
   

Valentin Haüy (1745-1822), fondateur de l'Institut des Jeunes Aveugles
Aimant les langues vivantes, paléographe, traducteur, interprète, il s'intéressa d'abord aux sourds-muets, via l'œuvre de l'Abbé de l'Épée. Il se pencha sur le sort des aveugles à la suite d'un choc émotionnel après avoir assisté en  1771, à la Foire Saint-Ovide se déroulant place Louis-XV (place de la Concorde) à Paris, à une représentation d'une dizaine de pensionnaires aveugles de l'hospice des Quinze-Vingt, laquelle l'indigna par son grotesque.  En mai 1784, sous le porche de l'église Saint-Germain-des-Prés, un jeune mendiant aveugle, Francois Lesueur, en recevant son aumône, lui fit prit prendre conscience de la qualité du  toucher des non-voyants. Ayant fait réalisé des caractères typographiques de grande taille, il s'en servit pour gaufrer des feuilles de papier cartonné. Avec ce matériel, Lesueur apprit à lire et à compter. En 1783, une société philanthropique, qui avait ouvert un atelier de filature pour une douzaine d'aveugles qu'elle avait pris en charge, lui confia l'instruction de ses protégé.
En 1786, l'Institution des Enfants Aveugles était née qui fut prise en charge par l'Etat à la Révolution, avec des heures difficiles sous le Consulat.  On lui retira la direction effective de son établissement, et il dut démissionner en 1802, l'Institution étant alors rattachée à l'hôpital des Quinze-vingt.  En 1806, il partit pour Saint- Pétersbourg y fonder, malgré bien des difficultés, une école qu'il devait diriger pendant onze ans. Il était presque oublié quand il rentra en France en 1817.
L'Institut Royal des jeunes aveugles s'installa au 56 boulevard des Invalides en 1846.



Avenue de Breteuil

La section entre les Invalides et la place de Breteuil fut ouverte en 1680, lors de la construction des Invalides. Elle fut prolongée en 1844 jusqu’au mur des  Fermiers Généraux à la barrière de Sèvres. 

La photo date sans doute de 1904, date de l'érection de la statue de Pasteur,
d'où l'aspect en cours d'achèvement de la surface de la place 

De 1872 à 1912, sur le terre-plein central entre la rue Eblé et la place se tint trois fois par semaine le marché de plein-air qui se tient maintenant avenue de Saxe.


Le baron de Breteuil



Le nom de Breteuil fut donnée à l'avenue sous la Restauration, en souvenir de Louis-Auguste Le Tonnelier (1723-1807), baron de Breteuil, diplomate, de carrière, ambassadeur sous  Louis XV, ministre de la Maison du Roi  et de Paris sous Louis XVI,  remplaçant de Necker après le renvoi de celui-ci. Il réglementa les règles de cachet, s’occupa de l’hygiène et de l’ordre à Paris, et favorisa la création des sociétés littéraires. Emigré durant la Révolution, il s’accorda mal avec les frères du Roi déchu. De retour en France en 1802, il n’échappa à la misère que par l’héritage d’une cousine.